Test du Neat King Bee II - Un design à nul autre pareil

On ne va pas vous refaire le laius, si vous l'avez déjà lu dans notre article sur le Bumblebee II, mais si vous n'avez jamais entendu parlé de Neat Microphones, une société du groupe Turtle Beach depuis son rachat en 2021, vous connaîtrez sans doute le précédent bébé des fondateurs de Neat, qui ne sont autres que la plupart des parents des mythiques microphones Blue. Après le Bumblebee II, on a eu l'occasion de monter encore en gamme en testant le King Bee II.

Ce qu'on a aimé

Le design

Le premier contact est toujours visuel, et on doute fort que vous ayez déjà vu un micro avec cette approche en matière de design : en effet, le filtre pop (pour rappel : c'est une barrière qui permet de réduire la sibilance - sons "s" durs - et de minimiser l'impact des plosives - sons "p" et "b") que l'on peut littéralement intégrer au microphone offre un design en alvéole. Mais quand on dit des alvéoles, on parle de vraies alvéoles hexagonales de ruche, pour rester dans le thème abeiller de leur gamme.

Le pire, c'est qu'on peut penser que c'est visuellement encombrant, mais nous avons personnellement trouvé que l'intégration du filtre anti-pop proposée rend la chose bien plus harmonieuse que d'avoir à en rajouter un monté sur un bras !

La versatilité

On ne va pas vous mentir, on a accepté de tester ce micro dans l'optique "Ça devrait être intéressant pour les aspirants streamers". On était un peu à côté de la plaque. Ce serait donner de la confiture à des cochons que de recommander à Fan2Squeeprien666 ou Gotazozzz4ever d'acheter ce microphone pour se lancer dans le streaming, car il convient à bien d'autres utilisations.

C'est typiquement un micro que vous pouvez utiliser pour enregistrer un podcast, une session d'ASMR, mais aussi des sessions de chant ou des instruments de musique. Dans la sphère du streaming, ce micro ne devrait intéresser que la crème de la crème, même si son prix permet à des aspirants créateurs de contenu d'améliorer la qualité de leur production à moindre coût.

La qualité du son

La configuration polaire cardioïde du microphone signifie qu'il enregistre le son dans une seule direction. Le King Bee II a toujours reproduit avec précision le timbre de notre voix et l'audio rendu est relativement clair. La captation est suffisamment bien orientée pour ne pas capter les frappes au clavier ou autres bruits parasites rencontrés dans les bureaux (ventilateur, vibration d'un téléphone, chat qui vole après avoir tenté de sauter sur votre espace de travail...)

Mais l'attacher à son bureau revient à limiter son potentiel : on l'évoquait, il marche aussi bien pour du chant ainsi que pour de la capture d'instruments. Dans un environnement absolument pas prévu à cet effet (comprendre une chambre au mobilier des plus banals), les enregistrements vocaux comme musicaux n'ont pas vraiment posé de problème et ont offert un rendu tout à fait acceptable pour des musiciens ou chanteurs sérieux dans leur passion. On a juste noté un petit point sur le gain en mode chant, qui avait tendance à rapidement écrêter, mais rien qui ne soit facilement réglable via une interface audio.

Le guide qui aide les débutants à l'apprivoiser

Le manuel est réellement très bien conçu, avec bon nombre de diagrammes qui expliquent non seulement comment le microphone fonctionne (réponse en fréquence, directivité cardioïde...) mais surtout comment l'assembler. À nos yeux, cependant, la partie la plus intéressante est la prise en main, voire la prise par la main, de chaque utilisateur, peu importe son niveau de connaissance en matière de production acoustique, pour expliquer à tous la meilleure façon de positionner le micro en fonction de leurs besoins.

Cela peut paraître très infantilisant pour les pros qui savent déjà tout dans le domaine, mais il ne faut pas ignorer qu'un débutant n'a pas forcément conscience des bases les plus simples de l'utilisation d'un microphone de ce type et de cette qualité. La liste des conseils va de "incliner votre micro selon différents angles peut altérer la tonalité de votre voix" à "comment utiliser le micro pour enregistrer votre guitare via un ampli". Une approche déjà très exhaustive !

Le prix

Il est vendu à 169,99 €, ce qui en fait un très bon rapport qualité/prix pour quiconque souhaiterait investir. Cela le met dans la même gamme de prix qu'un mammouth du domaine, le RØDE NT1, un micro très prisé dans le domaine de la production musicale ou l'enregistrement vocal. Il est cependant moins cher que des produits équivalents de marques concurrentes, on citera pour l'exemple beyerdynamic et son M90. Il est aussi à peine plus cher que le bien plus simple Razer Seiren Pro v2 que nous avons pu tester récemment.

Ce qu'on se doit de souligner

La connectivité

C'est, si nos souvenirs sont bons, la première fois que l'occasion se présente sur JeuxOnLine : le Neat King Bee II est exclusivement un microphone à condensateur XLR. Pas de plug and play via l'USB directement. C'est un vrai micro de studio pensé pour des professionnels dûment équipés : vous aurez besoin d'un câble XLR et d'une interface audio USB avec une alimentation fantôme pour l'utiliser sur votre ordinateur. Ce n'est clairement pas le premier gadget dans lequel tout aspirant streamer investit, mais ces interfaces audio finissent toujours par devenir nécessaires pour affiner la qualité du mix de votre contenu.

Tant qu'on est à parler de choses dans lesquels vous pourriez peut-être avoir à investir si vous vous penchez sur le cas du King Bee, regardez du côté des pieds ou des bras de microphones, puisque le micro est livré sans !

Ce qu'on a moins aimé

L'impression de fragilité

On ne peut s'empêcher de louer le design du microphone en lui-même, mais il est aussi partiellement responsable de son plus gros défaut : ce n'est pas pour rien que le guide de l'utilisateur a de gros avertissements en long, en large et en travers quant au fait de ne pas manipuler telle ou telle partie, au risque de casser le cou extrêmement étroit du microphone.

C'est sûrement une impression trompeuse, mais il semblerait que Neat ait choisi une approche esthétique plus que durable. Toujours est-il que dès que l'on essaye de manipuler le filtre anti-pop, on a toujours la peur au ventre et la crainte qu'un morceau ne nous reste entre les mains. Ce n'est pas une question d'être maladroit, c'est juste qu'il est impossible de vraiment savoir quel degré de force on peut employer.

Le poids

C'est un argument à pondérer, car certainement très personnel : nous n'avons eu que rarement l'occasion de travailler avec des micros aussi professionnels que celui-ci. Les micros de ce type que nous avons pu manipuler par le passé étaient lourds, mais ça ne reste qu'un souvenir et nous n'en avons pas sous la main pour faire une vraie comparaison. Le fait est que ce micro fait son poids, ce qui peut parfois même rendre délicat de l'utiliser pour capturer des sons loin d'un bras monté ou d'un trépied bien équilibré. Exemple typique, le poser à terre devant un ampli s'est occasionnellement révélé périlleux, notamment en raison de l'apparente fragilité mentionnée précédemment : si le King Bee II fait la culbute, quelles pourraient être les conséquences ?

Crache ton rayon de miel, Myrhdin

Qui sont les vrais clients potentiels du King Bee II ? Ce serait clairement abusif que de le recommander à des joueurs pour améliorer leurs échanges sur Discord ou en jeu, ce serait aussi difficile de dire que c'est un produit intéressant pour l'ensemble de la communauté des aspirants streamers. On parle ici d'un matériel de qualité professionnelle, qui s'adresse à ceux de la dernière catégorie qui veulent pousser encore plus loin la qualité de leur contenu, particulièrement s'ils proposent beaucoup de contenu axé autour de la discussion.

Le cœur de cible sera très clairement les podcasteurs ou les musiciens. Les premiers pourront envisager le King Bee II au moment de mettre à niveau leur configuration en USB en passant à un microphone XLR offrant une qualité de son très intéressante. Les seconds peuvent s'attendre, avec les bonnes configurations, à pouvoir créer de magnifiques enregistrements vocaux même loin de leur studio.