Test - RedMagic 10S Pro : encore un mobile pour gamers

Le RedMagic 10S Pro incarne la surenchère technologique propre aux smartphones gaming en 2025 : puce Snapdragon 8 Elite Leading Version surcadencée, jusqu'à 24 Go de RAM, refroidissement actif, gâchettes tactiles, écran AMOLED 144 Hz sans interruption, et une batterie record de 7050 mAh.

Proposé entre 649 € et 999 € selon la configuration, il vise sans détour l'élite du jeu mobile tout en restant plus abordable que les flagships du moment. Mais ce choix assumé en fait-il le meilleur allié des joueurs mobiles, ou condamne-t-il le RedMagic à rester une niche ultra-spécialisée ? 

Ce qu'on a aimé

Les performances à toute épreuve

Le Snapdragon 8 Elite Leading Version, surcadencé à 4,47 GHz, propulse le RedMagic 10S Pro au sommet de la hiérarchie mobile avec des performances brutes spectaculaires. Les benchmarks parlent d'eux-mêmes : jusqu'à 2,85 millions de points sur AnTuTu et 9 820 points en multicœur Geekbench 6, des scores qui rivalisent avec les meilleurs flagships du marché comme le Galaxy S25 Ultra ou le Honor Magic7 Pro.

En pratique, cela se traduit par une fluidité parfaite sur tous les jeux AAA récents en mode ultra sur l'écran AMOLED 144 Hz, sans la moindre saccade même dans les scènes les plus exigeantes. Le système de stockage UFS 4.1 couplé à la RAM LPDDR5T (disponible jusqu'à 24 Go) garantit des temps de chargement éclair et une gestion multitâche impressionnante, permettant de basculer instantanément entre plusieurs applications lourdes.

Cette puissance brute s'accompagne d'une optimisation logicielle dédiée qui tire parti de chaque cycle processeur pour maintenir des performances stables même lors de sessions prolongées.

Une autonomie correcte malgré la gourmandise

La batterie 7050 mAh du RedMagic 10S Pro offre une autonomie correcte compte tenu de la gourmandise naturelle de l'écran 144 Hz et du processeur haut de gamme embarqué. Dans les conditions réelles d'utilisation, nous obtenons environ 24 heures en navigation WiFi continue, une journée et demie à deux jours en usage mixte classique (réseaux sociaux, vidéos, navigation), et jusqu'à 14h de gaming intensif dans les tests les plus extrêmes. Ces chiffres, bien qu'impressionnants en valeur absolue, restent dans la moyenne haute du segment premium quand on les rapporte à la capacité énorme de la cellule.

La recharge filaire 80W compense cette consommation importante en permettant de refaire le plein complet en environ 40 à 50 minutes, un timing qui reste compétitif face à la concurrence. Le packaging inclut d'ailleurs tous les accessoires nécessaires : chargeur 80W, câble USB-C, coque de protection et film protecteur d'écran, évitant les frais supplémentaires souvent observés chez les concurrents premium.

L'écran et l'expérience visuelle

L'écran AMOLED plat de 6,85 pouces (2688 x 1216 px, taux de rafraîchissement adaptatif jusqu'à 144 Hz) constitue l'un des atouts majeurs du RedMagic 10S Pro. Sa luminosité exceptionnelle, culminant entre 1450 et 2000 nits selon les mesures, garantit une visibilité parfaite même sous un soleil direct, tandis que la colorimétrie AMOLED offre des contrastes infinis et une saturation maîtrisée. L'absence totale d'encoche ou de poinçon, rendue possible par la caméra frontale sous l'écran, favorise une immersion totale lors des sessions gaming.

Les gâchettes tactiles sensitives (520 Hz de fréquence d'échantillonnage) transforment les bords du smartphone en véritables boutons de manette, avec une réactivité et une précision remarquables pour les FPS ou les jeux d'action. L'écran plat, contrairement aux solutions incurvées, évite les touches involontaires et facilite l'installation de protections. La technologie d'affichage supporte également diverses optimisations gaming comme la réduction du motion blur, l'overclocking du GPU et des profils colorimétriques dédiés pour chaque titre.

La connectique complète

Le RedMagic 10S Pro ne fait aucune concession sur la connectivité, intégrant l'ensemble des standards modernes attendus sur un flagship 2025. On y trouve la 5G complète, le Wi-Fi 7 tri-bande, le Bluetooth 5.4 et même un émetteur infrarouge pour contrôler les appareils domestiques. Le port USB-C 3.2 autorise des transferts de données rapides et la sortie vidéo, tandis que le port jack 3,5 mm reste présent pour les puristes de l'audio filaire - une rareté sur ce segment de marché.

La double SIM physique permet de jongler entre deux opérateurs, même si l'absence de support eSIM constitue un manque face aux flagships traditionnels. La vibration haptique moteur linéaire X-axis procure un retour tactile immersif et précis, particulièrement appréciable dans les jeux d'action où chaque impact se ressent physiquement.

L'OS RedMagic propose également des fonctionnalités uniques comme le streaming gaming optimisé, la prise en charge d'émulateurs de consoles rétro et des outils de personnalisation poussés pour adapter l'interface aux préférences de chaque joueur.

Ce qu'on n'est pas sûrs d'avoir aimé

Le refroidissement actif : efficace mais bruyant

Le système de refroidissement actif du RedMagic 10S Pro repose sur un ventilateur interne capable de tourner jusqu'à 23 000 tours/minute, générant un flux d'air qui évacue efficacement la chaleur produite par le SoC sous forte charge. Cette solution technique, unique sur le marché mobile, maintient effectivement des performances stables lors de sessions gaming prolongées en évitant le throttling thermique qui affecte la plupart des smartphones premium.

Cependant, cette efficacité a un prix : le ventilateur produit un bruit pouvant atteindre 45 décibels à plein régime, soit l'équivalent d'une conversation à voix basse. Ce niveau sonore devient perceptible et potentiellement gênant si vous jouez sans casque ou écouteurs, d'autant que le bruit s'accompagne parfois de vibrations transmises au châssis.

Paradoxalement, malgré ce refroidissement actif, le dos du smartphone peut atteindre 55°C en surface sous forte sollicitation, une température désagréable au toucher qui limite la prise en main prolongée à mains nues. L'efficacité thermique globale reste réelle et permet de maintenir les performances, mais au prix de nuisances qui peuvent rebuter certains utilisateurs selon leur sensibilité au bruit et leur style de jeu.

L'aspect très "gaming" du design

Le design du RedMagic 10S Pro assume complètement son orientation gaming avec des lignes géométriques marquées, des éléments RGB programmables et des coloris flamboyants qui ne passeront jamais inaperçus. Cette esthétique très typée divise naturellement les utilisateurs : elle séduira les passionnés de gaming qui apprécient cet univers visuel, mais rebutera ceux qui préfèrent la sobriété des flagships traditionnels.

Le format imposant (229 grammes, plus de 20 cm de long) accentue cette impression de smartphone spécialisé, rendant difficile toute utilisation discrète en public ou véritablement à une main. Les dimensions généreuses se justifient par la batterie volumineuse et le système de refroidissement, mais compliquent le transport en poche et l'ergonomie quotidienne.

Cependant, à nos yeux, ce gabarit présente aussi des avantages : l'absence de module photo proéminent permet de poser l'appareil à plat sans basculement, et la répartition du poids reste équilibrée malgré la masse importante. Les finitions alternent entre plastique texturé et métal, avec une qualité de construction solide mais des matériaux parfois bruyants lors de la manipulation (craquements légers en torsion).

La qualité audio en demi-teinte

Le système audio du RedMagic 10S Pro mise sur la puissance avec ses haut-parleurs stéréo qui délivrent un volume sonore impressionnant, largement suffisant pour couvrir les environnements bruyants et offrir une spatialisation correcte dans les jeux. Cette approche privilégie clairement l'efficacité gaming, avec des médiums clairs et des aigus précis qui permettent de distinguer facilement les bruits de pas, tirs et autres indices audio cruciaux dans les FPS compétitifs.

Cependant, la restitution musicale révèle rapidement ses limites avec un manque de profondeur dans les graves et une certaine froideur dans les médiums, particulièrement perceptible lors de l'écoute de morceaux aux arrangements complexes. La courbe de réponse semble optimisée pour les contenus gaming au détriment de la fidélité musicale, ce qui peut décevoir les utilisateurs espérant un rendu audio polyvalent.

Le port jack 3,5 mm permet heureusement de contourner ces limitations avec un casque de qualité, mais l'amplification intégrée reste modeste et ne révélera pas le potentiel des transducteurs haut de gamme. L'ensemble convient parfaitement aux gamers privilégiant la précision tactique, moins aux mélomanes exigeants.

La politique de mises à jour progresse… lentement

RedMagic s'engage désormais à fournir deux années de mises à jour majeures Android et cinq ans de correctifs de sécurité pour le 10S Pro, une évolution positive par rapport aux anciennes générations mais qui reste limitée face aux standards actuels du marché premium. Cette politique place le constructeur chinois en retrait par rapport aux géants comme Samsung (quatre ans de mises à jour majeures, cinq ans de sécurité) ou Google (sept ans sur les Pixel récents), sans même mentionner Apple qui assure généralement plus de cinq ans de support iOS.

Pour un smartphone vendu près de 1000 € dans sa configuration maximale, cette durée de vie logicielle peut sembler insuffisante, surtout si l'on considère l'investissement financier et les performances matérielles qui permettraient théoriquement de faire tourner Android pendant de nombreuses années.

Cette limitation, couplée à la politique très agressive de RedMagic qui propose deux à quatre versions de chaque génération de téléphones, peut influencer la décision d'achat pour les utilisateurs privilégiant la longévité de leur investissement, même si les performances brutes du 10S Pro lui assurent une certaine pérennité technique.

Ce que l'on a moins aimé (toujours la même chose pour ceux qui suivent)

Les caméras au second plan

C'est le classique de Redmagic. Le module photographique du RedMagic 10S Pro illustre parfaitement les compromis inhérents aux smartphones gaming, avec un capteur principal de 50 Mpx (f/1.9, OIS) qui produit des clichés honorables en conditions lumineuses favorables mais révèle rapidement ses limites dès que les conditions se dégradent. La qualité chute visiblement en basse luminosité, avec un bruit numérique prononcé et une perte de détails que les algorithmes de débruitage peinent à compenser efficacement.

L'ultra grand-angle manque de définition et de cohérence colorimétrique avec le capteur principal, créant des discontinuités visuelles gênantes lors du passage d'un objectif à l'autre. L'absence totale de téléobjectif zoom optique limite considérablement la polyvalence photographique, forçant l'utilisateur à s'appuyer sur un zoom numérique aux résultats décevants. Le capteur macro s'avère anecdotique avec une qualité d'image très limitée et une distance de mise au point contraignante.

Quant à la caméra frontale sous l'écran, c'est toujours une blague absolue, encore plus quand vous mettez une protextion supplémentaire sur votre écran. C'est davantage un gadget technologique qu'un outil utilisable : la qualité des selfies reste très en retrait avec des couleurs ternes, un manque de netteté et des artefacts visibles. Les vidéos montent certes jusqu'à 8K/30 fps, mais la stabilisation optique ne rivalise pas avec les meilleurs du marché et la qualité générale souffre des mêmes limitations que la photo.

L'absence de certains raffinements haut de gamme

Malgré un positionnement tarifaire qui peut atteindre 999 € dans sa configuration maximale, le RedMagic 10S Pro fait l'impasse sur plusieurs fonctionnalités désormais standard sur le segment premium.

L'absence de recharge sans fil peut surprendre sur un smartphone de cette taille et de ce prix, d'autant que la batterie volumineuse aurait pu accueillir les bobines nécessaires sans contrainte d'espace. Cette limitation force l'utilisateur à systématiquement brancher un câble, ce qui peut s'avérer contraignant pour les utilisateurs habitués au confort de la charge par induction.

Le support eSIM fait également défaut, limitant la flexibilité pour les utilisateurs professionnels ou grands voyageurs qui apprécient cette technologie pour jongler entre opérateurs sans manipulation physique.

L'étanchéité se limite à la certification IP54, soit une résistance aux projections d'eau mais pas à l'immersion, ce qui reste insuffisant pour un usage en extérieur sans précaution. 

Ces compromis, compréhensibles dans une optique de maîtrise des coûts et d'optimisation gaming, peuvent décevoir les utilisateurs espérant le raffinement d'un flagship traditionnel à prix équivalent.

La traduction logicielle et quelques compromis d'usage

L'interface RedMagic OS, basée sur Android 15, souffre encore (et toujours) de défauts de localisation avec des traductions approximatives ou incomplètes dans les menus et paramètres avancés, révélant les origines chinoises du logiciel et un effort de localisation européenne perfectible. Ces imperfections, bien que mineures dans l'usage quotidien, peuvent dérouter les utilisateurs moins familiers avec les interfaces techniques et nuire à l'expérience premium attendue à ce niveau de prix.

L'absence de slot micro-SD peut également frustrer certains utilisateurs, même si les configurations de stockage interne (jusqu'à 1 To) devraient suffire à la majorité des cas d'usage.

La reconnaissance d'empreintes digitales, intégrée sous l'écran via un capteur optique, fonctionne de manière fiable mais accuse un léger retard par rapport aux solutions des flagships concurrents, nécessitant parfois plusieurs tentatives en cas de doigt légèrement humide ou mal positionné. L'autonomie du capteur d'empreintes et de la reconnaissance faciale peuvent également être affectées par les optimisations gaming agressives, créant parfois des délais de réveil plus longs que la concurrence. Ces détails, pris individuellement anecdotiques, s'accumulent pour créer une expérience utilisateur moins fluide que sur les flagships premium traditionnels, même si les performances brutes compensent largement ces défauts en usage gaming.

Crache ta magie rouge, Myrhdin

Nous sommes face à un smartphone qui pousse l'approche "hardcore gaming" jusqu'au bout : incroyable pour les joueurs prêts à profiter pleinement de son potentiel, mais peu conciliant en photo ou pour les usages mainstream. Son prix demeure agressif au regard de sa fiche technique, offrant une expérience unique et bourrée de fonctionnalités pour cette niche exigeante.

En dehors du jeu intensif, les compromis photographiques, l'absence de certains raffinements et la personnalisation radicale du design en feront une curiosité pour passionnés plus qu'un incontournable pour tous.

Ce test a été réalisé par Myrhdin avec un produit fourni par le constructeur. Sa rédaction n'est le fruit d'aucune transaction financière entre le rédacteur ou JeuxOnLine et le constructeur ou les entreprises le représentant.