Test du clavier Cherry KW X ULP Wireless

C'est quoi un clavier Chiclet ?

Commençons ce test par un peu de vocabulaire, car on va utiliser, peut-être un peu à tort et à travers, un terme bien spécifique : ce Cherry KW X ULP est un clavier Chiclet. Qu'est-ce que c'est que ce mot bizarre ?

On va faire appel à vos souvenirs de 4ème, quand vous commenciez à faire de l'Espagnol LV2 comme toute personne civilisée, et que votre prof vous disait de jeter votre chewing-gum à la poubelle quand elle vous voyait mâchouiller en scred' au fond de la classe. Vous devez avoir cette phrase imprimée dans votre cerveau à force de l'entendre : Tira tu chicle a la basura, ¡por favor!

Chiclet est en effet une référence au nom d'une marque qui n'a rien à voir avec l'informatique ou les périphériques : Chiclets est une entreprise nord-américaine qui produit en effet depuis le début du 20ème siècle des chewing-gums presque parfaitement carrés, qui ne sont effectivement pas sans rappeler les touches d'un clavier.

Un clavier chiclet fait référence à un clavier d’ordinateur avec des touches plates et bien espacées les unes des autres, comme autant de petits chewing gums déposés sur un plateau, par opposition au clavier classique aux touches accolées et aux bords biseautés. Très populaires au cours des années 80 à 90, vous les avez peut-être connus dans vos classes d'info si vous travailliez sur des MO5, par exemple.

Ce qu'on a aimé

Cela fait donc des décennies que les claviers ultraplats à touches chiclet ont déjà prouvé qu'ils étaient particulièrement adaptés au travail de bureau. Mais le KW X ULP n'est pas un simple clavier chiclet, parce que c'est un clavier mécanique de chez Cherry et que ses touches ultra-plates et leurs interrupteurs font une différence notable.

Un design simple, sobre, efficace

En terme de layout, ce clavier est relativement sobre. Quatre touches supplémentaires dédiées à la gestion du son au-dessus du pavé numérique, quelques raccourcis utiles pour la vie quotidienne au bureau (calculatrice ou mail) mais surtout des touches dédiées à la gestion des options de connexion, car le Cherry KW X ULP vous propose de se connecter à deux canaux Bluetooth 5.2 avec cryptage AES-128 ou en 2,4 GHz via un dongle USB en plus de l'inévitable connexion par câble USB-C.

Une autonomie tout à fait acceptable

En mode sans fil, l'autonomie revendiquée de la batterie de 2.800 mAh est annoncée à environ deux semaines, ce qu'on a pu vérifier par nous-même avec peu ou prou trois semaines d'utilisation sur notre première charge en mode Bluetooth. Le rétroéclairage des touches est relativement peu gourmand, avec de simples LED blanches.

La sensation de frappe est incroyable

On le disait, les touches ULP font toute la différence, en combinant l'avantage de leur faible hauteur, la sensation d'un clavier de portable et la précision des interrupteurs mécaniques du leader mondial dans le domaine.

Le point de pression de l'interrupteur et donc l'envoi du signal sont atteints après moins d'un millimètre de course et offrent une résistance assez élevée de 65 g. Une fois l'interrupteur activé, la résistance s'effondre, ce qui envoie à votre cerveau, à l'inverse des claviers de portable qui vous font directement rencontrer le fond de leur membrane, un signal clair que vous pouvez passer à la touche suivante.

C'est fiable, c'est rapide, et c'est à l'épreuve de n'importe quel utilisateur en pleine possession de tous ses moyens si on associe le cliquetis de la frappe à son retour haptique. On vous voit venir avec vos "Encore un clavier mécanique de bureau qui va nous casser les oreilles !". Non, non, vraiment, ce cliquetis est audible mais pas gênant dans un open space. On est très loin du boucan des claviers gaming. Dans tous les cas, ça a marché pour nous avec un gain moyen de 10% de vitesse de frappe après un peu plus de deux mois d'utilisation.

Un clavier malin

Autre élément qu'on a particulièrement aimé, l'ingénuité de l'utilisation des touches du clavier.

On évoquait le rétroéclairage blanc un peu plus haut, ce n'est pas totalement vrai. Quelques touches peuvent changer de couleur : par exemple, la touche Cherry dans le coin supérieur droit sert, quand vous l'appuyez, à verrouiller les touches Windows (qui apparaissent alors en rouge), mais aussi d'indicateur visuel du niveau de charge de votre clavier, passant du vert au rouge au besoin.

Les touches NumLock ou CapsLock s'illuminent discrètement en rouge quand vous les activez, pendant que les touches liées aux connexions du clavier s'illuminent en vert le temps que vous passiez de l'une à l'autre. La dernière touche dont vous pouvez changer le couleur, du moins, c'est la dernière qu'on a pu utiliser, est la touche de fonction, Fn, que vous pouvez désactiver et afficher en rouge en appuyant sur Ctrl-Fn.

Attention cependant, cela en désorientera peut-être certains, mais Cherry a pris le parti d'inverser l'affectation typique des touches de fonction. Toutes les fonctions multimédia ou de bureautique sont activées par défaut et vous devrez utiliser la touche Fn pour activer les touches F1 à F12. Si vous n'avez que faire des options, vous pouvez comme on vient de l'évoquer activer ces touches en permanence grâce au raccourci Ctrl-Fn.

Ce qu'on a moins aimé

Un clavier de bureautique et c'est tout

C'est un clavier de bureau, et la technologie qu'il embarque n'est pas vraiment pensée pour le jeu. Cela se sent particulièrement sur les jeux d'action, dans lesquels vous devez très souvent appuyer sur plusieurs touches à la fois pour vos déplacements, voire doser les déplacements de votre personnage au millimètre près en fonction de la force de votre saisie. La course courte et la réponse ultra-rapide ne laissent que peu de marge de manoeuvre, vous serez extrêmement réactifs mais absolument pas précis dans vos déplacements.

Les touches ne sont pas interchangeables

Cherry l'écrit en long, en large et en travers, littéralement, quand vous ouvrez la boîte du clavier : à l'inverse de la plupart des ordinateurs portables, vous ne pouvez pas remplacer les capuchons des touches et vous y aventurer endommagera très certainement le clavier. Vu son prix, on ne voit pas pourquoi vous prendriez le risque : il n'y a de toute façon pas vraiment d'offre pour des pièces de rechange sur le marché, et Cherry a créé des touches en polycarbonate plutôt qu'en simple ABS pour augmenter la durée de vie des touches.

L'application n'a que le mérite d'exister

L'application est extrêmement limitée, avec à peine plus que la possibilité de réaffecter quelques touches, et encore. Pas de macro, pas d'assignation multiple en dehors des touches de fonction, pas de modification d'envergure du layout, on est vraiment sur le strict minimum. L'objectif est d'avoir un clavier prêt à l'emploi dès son déballage, et au diable les fioritures.

Crache ton noyau, Myrhdin

Un clavier de bureau qui propose des touches pensées pour le bureau sans autre fioriture : ce Cherry KW X ULP propose une combinaison simple qui n'est cependant pas si courante qu'elle devrait l'être.

Un clavier ergonomique, aussi plat que vous le souhaitez, avec des touches permettant une saisie précise, avec juste la bonne dose de fonctions supplémentaires pertinentes, mais surtout sur lequel il est très agréable d'écrire pendant des heures (et dieu sait qu'on en a fait de la saisie de texte sur ce clavier au cours des derniers mois).  Que demander de plus ? A titre personnel, on a été particulièrement séduit par l'approche totalement No Bullshit de Cherry sur ce KW X ULP : vous déballez, vous branchez ou vous connectez, et vous profitez, ce qui est particulièrement rafraîchissant par rapport à l'univers des claviers gaming, et soyons clairs, ce qui est la mise en route attendue par la très grande majorité des utilisateurs finaux.

Il y a cependant un écueil de taille, le prix, qui lui n'est clairement, mais alors clairement pas accessible aux bourses de cette très grande majorité. Avec un prix de vente maximum conseillé de pas moins de 249,99€, et même s'il est disponible dans le commerce à l'heure actuelle pour moins de 200€, ce clavier se positionne comme un produit de luxe alors qu'il répond à un besoin très banal.

Cependant, cela semble être dans la gamme des prix établis par les constructeurs pour ce type de produits : un autre clavier Chiclet qu'on a eu l'occasion d'essayer, mais pas de tester, est le Corsair K100 Air (petite note à celui ou celle qui lira cet article parce que leur outil de monitoring aura noté la mention, si vous avez réglé les soucis de votre logiciel de statistiques nous concernant, on est ouvert à faire un test comparatif), est lui disponible pour 299,99€, prix de vente maximum conseillé

La différence de prix qui s'explique sans doute par les multiples fonctions orientées gaming du clavier de la marque au trois-mâts, un segment somme toute extrêmement différent de celui auquel veut parler le Cherry KW X ULP qui, on ne va pas s'en cacher, nous a donné tout au long de notre test l'impression de travailler sur une machine à écrire, plus compacte et beaucoup moins bruyante.

Que pourrait faire de mieux le Cherry KW X ULP ?

Au niveau de la saisie, pas grand chose, on est juste tombés sous le charme de l'expérience, qui nous a tout simplement redonné le goût de frapper plutôt que de dicter.

Au niveau des fonctionnalités, ce sera vraisemblablement une question de goûts : le fait de ne pas avoir la possibilité de créer des macros comme il est maintenant très facile de le faire sur les claviers comme les souris gaming est perturbant, mais dans le cadre de notre utilisation 80% bureautique/20% gaming, ce n'était clairement pas un souci majeur, encore moins quand on avait notre Stream Deck sous la main.

Au niveau du clavier en lui-même, il y a deux axes que Cherry pourrait à notre sens poursuivre pour de futurs produits utilisant l'approche ULP : proposer une version plus petite, à 6X touches, du KW X ULP, ou bien proposer une version avec des touches au profil encore plus plat. Ce clavier se positionne clairement sur le segment de marché d'utilisateurs de produits coûteux ou de symbole de statut, un segment sur lequel Apple et son Magic Keyboard se taillent sans aucun doute la part du lion : peut-être que tenter d'émuler sur leur produit l'approche totalement plate du clavier d'Apple tout en proposant une solution mécanique et encore plus fine est une prochaine étape pour Cherry ?

Ce test a été réalisé par Myrhdin avec un périphérique fourni par le constructeur. Sa rédaction n'est le fruit d'aucune transaction financière que ce soit entre le rédacteur ou JeuxOnLine et le constructeur ou les entreprises le représentant.