Test de la Razer Kiyo Pro Ultra - Un rein pour vos beaux yeux

En fin d'année 2022 sont apparues sur le marché les premières webcams 4K pensées pour le streaming, notamment du côté de chez Corsair et leur filiale Elgato avec la Elgato Facecam Pro. Malgré notre intérêt réel pour la technologie, nous n'avons pu mettre la main dessus (quand on vous dit qu'il faut cliquer partout, les enfants, c'est pas des blagues, y a des potes à ChatGPt qui disent à certains annonceurs que personne ne lit nos news hardware).

Heureusement pour nous, qui dit nouvelle technologie orientée gaming ou streaming dit que Razer n'est jamais trop loin pour sortir sa propre version revisitée (ou en marque blanche) : quelques semaines plus tard, ils annonçaient en effet la sortie de leur webcam, la Kiyo Pro Ultra, que nous avons eu la possibilité de tester pour vous.

Qu'avons-nous pensé de la petite-fille de la vénérable Razer Kiyo que nous avions pu tester en 2018 ?

Ce qu'on a aimé

Les qualités indéniables des différents modes de capture

S'il y a bien un périphérique qu'on n'avait pas vraiment réussi à prendre en défaut chez Razer, c'est bien la Kiyo, et cette Razer Kiyo Pro Ultra est une nouvelle mouture aux performances surmultipliées, qui délivre du 1080p 60 FPS, du 1440p 30 FPS et du 4K 30 FPS, un saut important par rapport à la version intermédiaire, la Kiyo Pro, qui était bridée au 1080p en 60 FPS et 1440p 30 FPS.

Cette performance est largement due au capteur CMOS Sony Starvis de 1/1,2 pouce qu'elle embarque, sans doute un des plus grands capteurs qui soient sur le marché des webcams. La Razer Kiyo Pro Ultra bénéficie grâce à lui d'une plage dynamique plus large, d'une meilleure gestion du bruit et aussi d'une gestion des flous plus efficace.

Les performances très solides dans des environnements sombres

On doute fort que qui que ce soit qui s'intéresse à l'achat de cette caméra sans être rebuté par son prix n'aura pas à sa disposition une ring light pour améliorer son éclairage, mais il est bon de mentionner que même dans un environnement sombre, la Kiyo Pro Ultra arrive à capturer un niveau de détail impressionnant, sans trop pixeliser et sans flouter les angles.

Dans une pièce faiblement éclairée (un simple plafonnier et la lumière de notre écran de portable), nos traits sont toujours correctement marqués, les cheveux toujours détaillés. L'arrière-plan est bien évidemment un peu plus bruyant, mais notre visage reste bien contrasté. Les détails de l'arrière-plan sont occasionnellement un peu bruyants, mais Synapse propose une option de réduction du bruit qui fait un bon boulot même dans ces circonstances pas forcément idéales.

L'autofocus

L'autofocus de la Razer Kiyo Pro Ultra est très réactif et ne se plante pas souvent dans ses cibles. Pour être tout à fait honnête, la seule fois où on l'a perturbé, c'est quand on a physiquement déplacé la caméra pour changer temporairement de sujet et revenir aux conditions normales d'utilisation en quelques secondes. Les transitions dans l'autofocus sont normalement très fluides et vous pouvez facilement amener quelque chose devant la caméra et le retirer sans anicroche.

Attention cependant à ne pas amener ce que vous voulez trop près de l'objectif malgré tout. Sans intervention manuelle, la mise au point se fait à environ 30 cm. Au-delà, vous devrez vous résoudre à ajuster la mise au point dans Synapse, le logiciel propriétaire de Razer.

L'effet de flou naturel

L'objectif grand angle de 8,5 mm de la Razer Kiyo Pro Ultra donne toute la mesure de sa qualité en résolution 4K, résolution dans laquelle il offre des images très nettes et très détaillées, avec un contraste marqué entre les premiers plans et les arrières plans.

L'objectif à grande ouverture f/1,7 adoucit d'ailleurs tellement les arrière-plans qu'il arrive à produire un effet de flou naturel, sans avoir à passer par un filtre. Alors certes, on vous l'accorde, les options proposées par Teams ou Meets sont plus efficaces, mais c'est important à signaler malgré tout.

Le cache intégré

C'est extrêmement gadget, mais c'est appréciable : en plus d'un cache extérieur fourni, la Razer Kiyo Pro Ultra embarque un cache intégré aussi efficace pour protéger votre vie privée que simple à déployer. Vissez ou dévissez l'anneau autour de la caméra et une couverture se déploie ou se replie au-dessus de l'objectif.

Les casques ont depuis longtemps une fonction sourdine pour doubler les précautions quant aux prises de paroles intempestives, c'est plus rare sur les webcams, mais la Kiyo Pro Ultra fait un très bon boulot pour vous éviter de montrer ce que vous voudriez que l'on ne voit pas.

Ce qu'on a moins aimé

Le prix

On le met dans les points négatifs parce que la population jolienne ne manquerait pas de nous lyncher si on ne l'y mettait pas : en effet, 349,99 € (prix de vente maximum conseillé) pour une webcam a de quoi faire tomber dans les pommes les plus petits porte-monnaies... C'est un sacré budget, plusieurs semaines voire même plus d'un mois d'alimentation pour le Français célibataire moyen.

Mais dans les faits, pour un streamer en plein boom qui est à la recherche d'une solution intermédiaire pour améliorer sa production sans vouloir dépenser les milliers d'euros demandés par la ou les caméras DSLR qui constitueront son installation finale, c'est un prix "relativement" raisonnable.

Pour mettre les choses en perspective, ce n'est que le prix de 3 Logitech C920, le modèle le plus communément utilisé par la majorité des aspirants streamers, qui ne propose "que" du 1080p à 30 FPS.

L'absence de 4k60

C'est le point sur lequel la Kiyo Pro Ultra perd face à sa concurrente de chez Elgato, sans même qu'on ait eu à la tester. Pas de capture à 60 FPS, ne serait-ce qu'en 1440, encore moins en 4K. Pas grand chose à dire de plus, cette caméra n'est pas la plus performante qui soit sur le papier sur le marché à l'heure actuelle.

Le champ de vision un peu restreint

Synapse vous offre deux options, 72 et 82°. On en voit venir certains avec des gros sabots : "Paye ton fish eye". Il n'en est rien, le capteur fonctionne très bien et l'image rendue est d'excellente qualité sans distorsion.

Cependant, même si on n'a pas eu la Kiyo Pro entre les mains, la fiche technique nous indique qu'elle proposait un champ de vision plus large, à plus de 100°, ce qui fait quand même une sacrée "perte" pour un modèle qui se veut une évolution.

La taille

Étant donné qu'on l'a reçu à un moment où on n'avait qu'un laptop à disposition pour la tester, ce détail était encore plus notable. Pour vous donner une idée, la caméra en elle-même fait à peu près la moitié de la hauteur d'un écran de laptop de 15 pouces, et elle pèse son poids. On a vraiment eu peur qu'elle n'allait pas pouvoir rester perchée sur la tranche de notre ordinateur.

Peur infondée, pas eu d'incident à signaler, mais il n'empêche que la Kiyo Pro Ultra est une sacrée protubérance sur un écran de taille normale. Il faut assumer l'argument marketing de "plus gros capteur du monde" embarqué dans une webcam.

Crache ta gorgone, Myrhdin

La Razer Kiyo Pro Ultra n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains, et pour une fois, ce n'est pas uniquement à cause du prix de vente maximum conseillé de 349,99 € choisi par Razer.

Elle s'adresse avant tout aux streamers et aux créateurs de contenu, aux personnes pour lesquelles la capture de leur image peut vraiment faire une différence. Au commun des mortels, elle sert surtout de coup de semonce militant pour qu'à l'ère des meetings digitaux à longueur de journée, il est juste inacceptable de se contenter du strict minimum premier prix ou intégré par les constructeurs qui souhaitent tirer les prix toujours plus vers le bas.

C'est une webcam par trop sophistiquée pour Pierre, Paul, Jacques et même Georges, mais si nos collègues ont vu dès la première utilisation une amélioration notable de la qualité de ma caméra dans nos meetings Teams, avant même qu'on leur parle de ce nouveau produit en test, c'est que le changement de qualité saute vraiment aux yeux.

Utiliser ne serait-ce que quelques jours cette caméra nous a amené à une plus longue réflexion sur les webcams. Même si par notre passé de streamer et notre intérêt pour la tech, on comprend les tenants et les aboutissants de la chose, la Razer Kiyo Pro Ultra montre qu'une webcam se doit d'être un peu plus qu'un périphérique pour transférer votre image, peu importe sa qualité. Vous faites toujours l'effort d'arriver à peu près présentables dans vos meetings en distanciel, vous vous arrangez pour que vos jouets les plus embarrassants ne traînent pas sur une étagère derrière vous avant qu'ils ne commencent, pourquoi ruiner ces efforts en envoyant de la bouillie de pixels à vos collègues ou partenaires professionnels ?

Pour le prix, pour une fois, on n'a vraiment pas grand chose à redire sur la proposition de Razer : le seul manquement par rapport à la concurrence directe, l'Elgato Facecam Pro (que nous n'avons pas pu et ne pourrons vraisemblablement pas tester), sur le papier est l'absence de capture à 4k et 60 FPS. Pour le reste, le capteur Sony embarquée par la Kiyo Pro Ultra est censé être supérieur sur la majorité des valeurs pertinentes de leurs fiches techniques respectives. Appel du pied à quiconque lirait ce test chez Corsair : la porte pour un test de votre webcam est toujours ouverte.

On ne recommandera pas aux masses de se ruer sur la Razer Kiyo Pro Ultra, car peu d'entre nous ont besoin de ce genre de qualité, mais si vous êtes un streamer de passage en quête d'informations sur cette webcam en vue d'un potentiel achat, vous pouvez tout à fait arrêter votre choix sur celle-ci si vous pouvez vous contenter de 4k 30 FPS.

Ce test a été réalisé par Myrhdin avec un périphérique fourni par le constructeur. Sa rédaction n'est le fruit d'aucune transaction financière que ce soit entre le rédacteur ou JeuxOnLine et le constructeur ou les entreprises le représentant.