Test de l'Option Power de Shadow - du cloud computing au service des joueurs

À l’origine, il y avait Blade, une entreprise française qui avait pour ambition de révolutionner notre concept de consommateurs de PC avec des offres distantes, une technologie qui, à l’époque, était peut-être arrivée trop tôt, mais qui avait tout de même fait pas mal parler d’elle.

Après, Blade est devenue Shadow, et là encore l’entreprise s’est agrandie, encore plus dans le plat pays qui est le mien, car Shadow avait signé un partenariat avec un de nos plus gros opérateurs télécoms (Proximus) et les abonnés de cet opérateur pouvaient profiter des services de Shadow.

Mais avec la pénurie des composants qu’on a connue récemment et puis d’autres éléments qui ont un peu chamboulé notre vie, ces dernières années, Shadow était mal loti… mais a trouvé un repreneur en la personne d'Octave Klaba, le fondateur d’OVH.

Aujourd’hui, Shadow se donne une nouvelle image et tente d’approcher un public différent de par le passé et cette Option Power est clairement prévue dans ce contexte : elle est là pour plaire aux joueurs de jeu PC exigeants avec du cloud computing performant, réactif et puissant.

L’Option Power est un supplément à l’abonnement de base, ce qui revient pour les 2 à 45 euros par mois. Cette offre, disponible depuis le 26 octobre dernier (sur réservation) complète donc l’offre de base qui commence à dater et propose un processeur AMD couplé d’une carte graphique Nvidia RTX A4500 (à peu près l’équivalent d’une 3080 au niveau des performances) ou des GPU AMD équivalents dans un futur proche.

La force de l’offre Shadow comparée à ce qui semble être sa concurrence, telles que les offres de NVIDIA ou Microsoft au niveau cloud gaming, est que Shadow vous offre donc un PC complet, que vous pouvez y faire (presque) ce que vous y voulez, installer ce que vous voulez, le gérer comme bon vous semble. Vous n’êtes pas limité par un catalogue comme c’est le cas ailleurs, votre seule limite est celle de vos launchers personnels. De plus, une énorme force que je trouve par rapport aux autres, c’est qu'étant donné que c'est votre pc, vous pouvez y modder vos jeux. Et ça, c’est très important pour de très nombreux joueurs PC.

L’autre avantage est de pouvoir avoir accès à votre ordinateur de partout, pour peu que vous ayiez une connexion satisfaisante. J’ai testé l’application sur mon téléphone Samsung S21, en 4G, ça fonctionne de façon fort appréciable. Évidemment, le test ne s’est borné qu’à explorer, car je vous mets au défi d’essayer d’utiliser Windows sur un écran de téléphone et bouger une souris avec les doigts… c’est un peu compliqué. Mais pour peu que vous soyez équipé d’un clavier Bluetooth et/ou d’une souris… C’est parti ! Ça ouvre beaucoup de perspective de télétravail, par exemple.

D’ailleurs, les représentants de Shadow proposent déjà des solutions professionnelles avec des parcs d’ordinateurs en cloud pour les sociétés… et l’envisagent aussi pour le privé.

J’ai ensuite fait des tests sur diverses machines (un vieux PC, une tablette), là aussi très satisfaisants. Les tests effectués sur les bancs d’essai montrent clairement que Shadow explose littéralement mon PC personnel au niveau performance. J’ai joué avec des amis à divers jeux, je n’ai constaté aucune latence particulière qui m’aurait mis en difficulté, au contraire même, vu que le PC est plus performant que mon ordinateur personnel.

Je suis un joueur de RTS, il fallait donc que je teste le benchmark des Total War à fond les manettes et j’ai vraiment été impressionné par l’affichage du jeu, en option max de partout, sur la machine. Les FPS tournaient autour de 130 avec des chutes dans les moments « chauds » autour des 60. Bref, rien de rédhibitoire, là où mon PC perso (avec une 1080ti) est à genoux dans les mêmes configurations.

J’avais l’option Power en essai depuis plusieurs semaines, mais j’ai un peu tardé à sortir le papier sur JeuxOnline, car je voulais éprouver un peu le réseau en dehors de la partie « bêta fermée » pour voir ce que ça donnerait niveau performance avec des pics d’affluences. Je n’ai constaté aucun changement négatif avec la sortie publique de l’option avec, au contraire, une stabilité certaine (aucun plantage depuis le 26 octobre, là où j’ai eu quelques bugs d’affichages auparavant).

Au-delà de l’aspect purement jeu, un PC distant qui vise les « gamers » doit aussi être efficace sous d’autres aspects, tels que la communication. Après avoir pris 2 ou 3 minutes pour comprendre qu’il fallait activer mon matériel via les menus de Shadow (accessible via un raccourci clavier), j’ai pu aller discuter sur Discord via Shadow sans que personne ne remarque la moindre différence.

Bref, l’offre est alléchante et très sincèrement intéressante. Il est évident qu’une machine digne de ce nom coûte de plus en plus cher, alors payer un abonnement pour avoir un ordinateur compétitif, qui se met à jour dans le temps de façon automatique, ça va en attirer plus d’un… mais… il y a un hic.

Ils ont de l'humour ! C'est bien

Cette Option Power vient se greffer à l’offre de base au niveau du prix. 45 euros par mois c’est tout de même une somme rondelette pour une offre distante. De plus, cette Option Power n’est actuellement pas disponible pour tous : priorité aux clients les plus fidèles, puis sur liste d’attente.

De plus, de base, on n'a que 256 Go de stockage ce qui de nos jours est beaucoup trop peu, surtout pour les joueurs, certains jeux prennent la moitié de ce stockage à eux seuls et il y a Windows et toutes vos petites applications qui prennent de la place aussi. Car oui, au contraire des offres de cloud gaming, il faut ici installer vos jeux comme s’ils étaient sur votre ordinateur personnel. Et pour avoir plus de place, il faut rajouter 3 euros par tranche de 256Go en plus à votre abonnement.

Et c’est là que le bât blesse. Parce que justement, si on veut viser une clientèle de joueurs… je connais très peu de joueurs qui se contenteraient de 256go. Plusieurs jeux, plusieurs activités sûrement, pour peu qu’on vise des streamers et des youtubeurs, le traitement vidéo ça prend de la place… bref, il faut beaucoup plus que ça de base. Et supposons qu’on souhaite un To, ce qui est un minimum, je trouve, on arrive déjà à 54 euros au total. Presque le double de la somme d’abonnement initiale. Par an ça commence à chiffrer douloureusement.

Le launcher est vraiment très light

Mais malgré ce prix… j’y réfléchirais sérieusement si mon PC venait à mourir (par contre, là c’est peut-être la liste d’attente qui risque de me poser problème), mais je pense que cette hésitation disparaîtrait si le prix était moindre. 30 euros par mois, comme l’offre initiale, auraient été parfaits. Et j’aurais rajouté les 9 euros pour l’espace. Ou alors une offre de plusieurs ordinateurs, quitte à sacrifier un peu de puissance, pour remplacer les ordinateurs de la maison (j’en ai 3 qui tournent régulièrement ici, les remplacer tous c’est un sacré budget) ça me mettrait l’eau à la bouche. Et avoir une utilisation nomade de son ordinateur personnel, ça aussi c’est quelque chose qui peut peser dans la balance.

Bref, ce Shadow cru 2022 est un bon cru. Il ne faudrait pas grand-chose pour faire céder jusqu’aux plus récalcitrants du cloud computing.