Test - be quiet! Dark Mount : modulaire et silencieux mais cher

Le be quiet! Dark Mount marque l'entrée de la marque allemande, connue pour ses solutions silencieuses de composants PC, sur le marché très concurrentiel des claviers gaming mécaniques. Cette incursion ne se fait pas au hasard : be quiet! a racheté Mountain en 2023, récupérant ainsi l'expertise de ce spécialiste des périphériques modulaires. Cette acquisition transparaît clairement dans la conception du Dark Mount, qui reprend et améliore le concept de modularité déjà éprouvé sur des modèles comme la Mountain Everest Max.

Le positionnement de cette Dark Mount est clair : offrir un clavier gaming hautement personnalisable qui excelle particulièrement dans les environnements où le silence est primordial. Contrairement à de nombreux claviers gaming qui privilégient le feedback tactile prononcé, be quiet! fait le pari inverse en proposant une expérience de frappe volontairement feutrée et discrète. Cette approche vise autant les gamers que les professionnels travaillant dans des espaces partagés ou tard le soir. La modularité pousse ce concept plus loin en permettant d'adapter physiquement le clavier selon les usages : configuration compacte TKL pour le gaming FPS nécessitant plus d'espace souris, ou configuration complète avec pavé numérique pour les MMORPG et le travail bureautique.

Proposée à 259,90 euros avec au choix des switches Silent Linear Orange (45g) ou Silent Tactile Black (55g), le Dark Mount s'attaque directement au segment premium du marché. Ce prix élevé s'explique par une approche technique sophistiquée : triple amortissement acoustique, switches pré-lubrifiés en usine, construction aluminium/PBT, support Hot-Swap, et surtout un écosystème modulaire complet comprenant pavé numérique avec 8 touches d'affichage personnalisables et Media Dock avec écran intégré.

Ce que nous avons aimé

Le silence enfin maîtrisé pour le gaming

Le be quiet! Dark Mount tient remarquablement bien sa promesse principale : offrir une expérience de frappe exceptionnellement silencieuse. Cette prouesse technique repose sur un système d'amortissement à trois couches particulièrement efficace. Une première couche de mousse se situe au-dessus de la carte électronique (PCB), une seconde en dessous, tandis qu'une couche de silicone remplit entièrement le fond du boîtier. Cette approche multicouche élimine efficacement les résonances métalliques et vibrations parasites qui polluent habituellement le son des claviers mécaniques.

Les switches propriétaires Silent développés par be quiet! complètent parfaitement ce dispositif. Disponibles en versions linéaire (Orange, 45g) et tactile (Black, 55g), ils bénéficient d'un pré-lubrifiage en usine minutieux qui réduit drastiquement les frottements mécaniques. Le boîtier en PA66-Nylon contribue également à absorber les vibrations, tandis que les stabilisateurs des grandes touches disposent de surfaces de contact rembourrées pour éviter tout claquement. Le résultat est saisissant : même lors de frappes énergiques, seul subsiste un "tonk" feutré et agréable, totalement dépourvu des cliquetis métalliques habituels. Cette discrétion acoustique permet enfin d'utiliser un clavier mécanique gaming dans un bureau partagé ou lors de sessions nocturnes sans déranger l'entourage.

Une modularité parfaitement exécutée

Le concept modulaire du be quiet! Dark Mount dépasse largement le simple gadget marketing pour offrir une véritable flexibilité d'usage. Le pavé numérique amovible constitue l'élément le plus réussi de cette approche : il se connecte via USB-C et fixation magnétique avec un mécanisme de verrouillage particulièrement ingénieux. Un curseur coulissant permet de basculer le connecteur USB-C d'un côté ou de l'autre, autorisant ainsi un positionnement à gauche ou à droite de la base principale selon les préférences de l'utilisateur.

Cette modularité s'avère particulièrement pertinente dans différents contextes d'usage. Les joueurs de FPS apprécieront la configuration TKL compacte qui libère l'espace pour les mouvements amples de souris, tandis que les amateurs de MMORPG et les utilisateurs bureautiques bénéficieront de la configuration complète. Le système magnétique assure une tenue ferme et stable même lors de manipulations vigoureuses, contrairement à certaines solutions concurrentes qui présentent du jeu ou de l'instabilité.

Le repose-poignets magnétique modulaire mérite également d'être souligné. Composé de deux éléments distincts - un principal pour la base TKL et un secondaire pour le pavé numérique - il s'adapte automatiquement à toutes les configurations possibles. Le rembourrage en mousse offre un confort remarquable même lors de sessions prolongées, tandis que la fixation magnétique permet un positionnement précis et stable.

Des touches d'affichage véritablement utiles

Les huit touches d'affichage intégrées au pavé numérique transforment véritablement l'expérience utilisateur. Avec leur résolution de 140×140 pixels, elles offrent une lisibilité parfaite pour les icônes personnalisées. Le logiciel IO Center permet d'assigner facilement des fonctions complexes : lancement d'applications, ouverture de dossiers spécifiques, exécution de macros multi-étapes, ou raccourcis vers des URL fréquemment consultées.

La possibilité d'importer des images personnalisées (PNG, JPG, GIF) élève ces touches au niveau d'un véritable mini Stream Deck intégré. Cette fonctionnalité se révèle particulièrement précieuse pour les créateurs de contenu et streamers qui peuvent organiser leurs workflows de manière visuelle et intuitive sans rajouter un périphérique sur leur bureau. Les professionnels y trouveront également leur compte pour accéder rapidement aux outils spécialisés de leur secteur d'activité. La mémorisation des profils directement dans le clavier garantit le fonctionnement indépendant du logiciel, permettant d'emporter ses configurations personnalisées sur différents postes de travail.

Une construction premium indéniable

La qualité de construction du be quiet! Dark Mount atteint un niveau véritablement premium qui justifie en partie son positionnement tarifaire. La plaque supérieure en aluminium brossé confère non seulement une esthétique soignée, mais assure également une rigidité structurelle exemplaire. Cette surface résiste efficacement aux traces de doigts et rayures légères, conservant son aspect neuf même après un usage intensif.

Les touches PBT Double-Shot représentent un autre point fort majeur. Cette technique de moulage garantit que les marquages ne s'effaceront jamais, même après des années d'utilisation intensive. La texture légèrement rugueuse du PBT offre une prise en main optimale et évite les glissements de doigts, particulièrement appréciable lors de sessions gaming prolongées. Le poids conséquent de 1,38 kg (1,59 kg avec repose-poignets) assure une stabilité parfaite sur toutes les surfaces, éliminant tout risque de glissement même lors de frappes énergiques.

Le système de pieds magnétiques constitue une innovation particulièrement réussie. Ces petites plaques aimantées se fixent sous le clavier pour proposer trois angles d'inclinaison (3°, 6°, 9°) selon les besoins ergonomiques. Cette solution modulaire offre une flexibilité supérieure aux pieds dépliants traditionnels tout en garantissant une stabilité parfaite grâce à la force magnétique.

Ce que nous ne sommes pas sûrs d'avoir aimé

Un positionnement tarifaire qui divise

À 259,90 euros, le be quiet! Dark Mount se positionne dans le segment ultra-premium du marché des claviers gaming, soulevant des questions légitimes sur sa proposition de valeur. Cette tarification place le produit be quiet! en concurrence directe avec des références établies (on nommera par exemple le Corsair K100 RGB, la Logitech G Pro X TKL, ou le Razer Huntsman V3 Pro voire peut-être même la v4 backbone qui vient de sortir) proposant souvent des fonctionnalités équivalentes ou supérieures à des prix comparables, voire inférieurs.

Cette interrogation sur le prix révèle en réalité deux philosophies d'usage distinctes. D'un côté, les utilisateurs recherchant un équipement exhaustif pour ce budget (connectivité sans fil, hub USB intégré, logiciels ultra-sophistiqués, effets RGB spectaculaires) trouveront le Dark Mount incomplet. De l'autre, les professionnels en open space ou les gamers privilégiant absolument le silence découvriront peut-être avec ce modèle leur premier clavier mécanique clé en main utilisable sans contrainte dans un environnement partagé.

Cette dualité de perception rend l'évaluation du rapport qualité-prix particulièrement délicate. Le silence exceptionnel du Dark Mount constitue une prouesse technique rare qui peut justifier son coût pour certains utilisateurs, tandis que d'autres y verront un surcoût injustifié pour une fonctionnalité qu'ils ne valorisent pas, ou pas à ce prix, du moins. Cette ambivalence reflète la difficulté de positionner un produit aussi spécialisé sur un marché aux attentes diverses et parfois contradictoires.

Un Media Dock aux finitions inégales

Le Media Dock modulaire présente un paradoxe troublant dans l'ensemble cohérent du be quiet! Dark Mount. Alors que le reste du clavier affiche des finitions irréprochables, ce module souffre de plusieurs défauts qui détonnent à ce niveau de prix. Sa construction entièrement plastique contraste désagréablement avec l'aluminium brossé utilisé partout ailleurs, lui conférant un aspect moins premium qui nuit à l'harmonie visuelle globale.

Plus problématique encore, le jeu mécanique excessif : ce Media Dock présente une instabilité lors des manipulations, avec une fixation qui manque de fermeté comparée à celle du pavé numérique. Cette différence de qualité de finition interpelle d'autant plus que les deux modules utilisent pourtant le même système de connexion USB-C et de fixation magnétique.

Fonctionnellement, le Media Dock propose des fonctionnalités intéressantes mais limitées : affichage de l'heure, informations sur les médias en cours de lecture, contrôles de lecture/pause, et gestion des profils d'éclairage. Cependant, l'absence de données système avancées (on aurait pu s'attendre que be quiet! permette l'affichage de données liées à la performance du PC, comme températures CPU/GPU, utilisation RAM, débits réseau) limite son utilité pratique pour les PCistes les plus enthousistes. Son écran couleur, bien que visuellement attrayant, ne compense pas totalement ces limitations fonctionnelles et pourrait être perçu comme un simple gadget esthétique par certains utilisateurs.

Une dépendance logicielle pour les fonctions avancées

La stratégie logicielle de be quiet! avec l'IO Center révèle certaines limitations qui peuvent frustrer les utilisateurs souhaitant exploiter pleinement les capacités de leur clavier. Bien que la mémorisation des profils directement dans le clavier permette un fonctionnement de base sans logiciel, de nombreuses fonctionnalités avancées restent tributaires d'une connexion active au logiciel de configuration.

Cette dépendance se manifeste particulièrement pour l'affichage d'informations dynamiques sur le Media Dock. Sans l'IO Center actif en arrière-plan, l'écran ne peut pas afficher les métadonnées des médias en cours de lecture ni certaines informations système. Cette limitation peut s'avérer gênante pour les utilisateurs privilégiant un système "propre" avec un minimum de logiciels résidents, ou lors d'utilisation sur des postes temporaires où l'installation du logiciel n'est pas souhaitée.

La version web de l'IO Center, bien qu'offrant une compatibilité multiplateforme appréciable, présente des fonctionnalités significativement réduites par rapport à la version desktop Windows. Cette limitation pénalise particulièrement les utilisateurs macOS et Linux qui ne peuvent pas accéder aux options de personnalisation avancées, notamment pour la configuration fine de l'éclairage et certains modes de personnalisation des touches d'affichage. Cette approche à deux vitesses questionne l'engagement de be quiet! envers un écosystème véritablement multiplateforme.

Un éclairage difficile à maîtriser complètement

Le système d'éclairage RGB du be quiet! Dark Mount, bien qu'esthétiquement réussi, présente une limitation majeure qui peut gêner certains utilisateurs : l'impossibilité de désactiver complètement tous les éléments lumineux. Alors que l'éclairage des touches principales et la bande LED périphérique peuvent être éteints via le logiciel, les LEDs de statut et les touches du Media Dock restent obstinément allumées en permanence.

Cette limitation se révèle particulièrement problématique pour les gamers utilisant des configurations TV/canapé ou des setups OLED sensibles aux reflets parasites. Dans un environnement sombre, ces sources lumineuses résiduelles peuvent créer des reflets gênants sur l'écran et perturber l'immersion gaming. L'ironie est palpable : un clavier estampillé "be quiet!" qui ne peut pas devenir complètement "dark" comme son nom le suggère.

Les effets d'éclairage disponibles, au nombre de six seulement, peuvent également sembler limités face à la concurrence. Bien que l'éclairage par zone et la personnalisation couleur par couleur soient possibles, l'absence d'effets plus spectaculaires ou de synchronisation avancée avec d'autres périphériques RGB peut décevoir les amateurs de setups gaming colorés. Cette sobriété s'inscrit certes dans la philosophie be quiet!, mais limite l'attrait du produit pour certains segments de clientèle. 

Ce que nous avons moins aimé

Une connectivité limitée à l'ère du sans-fil

L'absence totale de connectivité sans fil constitue probablement la limitation la plus pénalisante du be quiet! Dark Mount en 2025. Alors que la plupart des claviers gaming premium proposent au minimum une connexion 2,4 GHz, be quiet! fait le choix surprenant du tout-filaire. Cette décision impacte directement la flexibilité d'utilisation, particulièrement préjudiciable compte tenu du positionnement modulaire du produit.

Cette limitation se révèle particulièrement frustrante pour les configurations de gaming sur TV ou les setups couch gaming qui se démocratisent de plus en plus (shameless plug de notre test du dernier Couchmaster). Le câble USB-C de 2 mètres fourni, bien que de bonne qualité avec son revêtement nylon, reste insuffisant pour de nombreuses configurations salon, voire même de bureau. Les utilisateurs doivent alors recourir à des rallonges USB qui ajoutent de la complexité et des points de défaillance potentiels.

La concurrence directe propose majoritairement des solutions hybrides (filaire/sans-fil) sans surcoût significatif, rendant ce choix de be quiet! d'autant plus questionnable. Des marques comme Corsair, Logitech G ou Razer intègrent désormais systématiquement la connectivité sans fil dans leurs modèles premium, souvent avec des latences inférieures à 1ms qui rivalisent avec les connexions filaires. Cette absence prive le Dark Mount d'un argument de vente majeur et limite son attrait pour une partie non négligeable de la clientèle cible.

Crache ton destrier, Myrhdin

La be quiet! Dark Mount nous livre un premier essai convaincant mais perfectible de be quiet! sur le marché des claviers gaming premium. Cette incursion révèle à la fois l'expertise technique héritée du rachat de Mountain et certaines lacunes d'expérience propres à un nouveau venu sur ce segment ultra-concurrentiel.

Les points forts sont indéniables : le silence exceptionnel tient ses promesses, la modularité fonctionne parfaitement, et la qualité de construction rivalise avec les meilleures références du marché. Les huit touches d'affichage transforment réellement l'expérience utilisateur, particulièrement pour les créateurs de contenu et les utilisateurs avancés. Nous saluons également l'approche logicielle avec l'IO Center, plus épurée que les mastodontes parfois indigestes de la concurrence.

Le prix de 260 euros cristallise toute l'ambiguïté de ce produit. Pour les utilisateurs recherchant un arsenal complet de fonctionnalités - connectivité sans fil, RGB spectaculaire, logiciel ultra-sophistiqué - ce tarif paraîtra excessif face aux compromis demandés. Mais pour les professionnels travaillant en open space ou tout utilisateur privilégiant absolument la discrétion acoustique, le Dark Mount représente peut-être le premier clavier mécanique qu'ils n'assemblent pas de toute pièce réellement utilisable sans contrainte environnementale. Cette prouesse technique, rare sur le marché, peut justifier son coût pour cette clientèle spécifique.

L'absence de connectivité sans fil en 2025 demeure notre principal reproche, limitant drastiquement la flexibilité d'un produit pourtant pensé pour la modularité. 

Notre recommandation s'adresse clairement aux utilisateurs pour qui le silence constitue une priorité absolue. Si vous recherchez le premier clavier gaming véritablement compatible avec un environnement professionnel ou des sessions nocturnes, le Dark Mount mérite votre attention malgré son prix.

Pour tous les autres, nous conseillons d'examiner attentivement les alternatives plus complètes, quitte à sacrifier cette discrétion acoustique unique pour des bases plus polyvalentes.

Ce test a été réalisé par Myrhdin avec un produit fourni par le constructeur. Sa rédaction n'est le fruit d'aucune transaction financière entre le rédacteur ou JeuxOnLine et le constructeur ou les entreprises le représentant.